< RETOUR ACCUEIL < < <____
_Prise de position
_ > Voir aussi le tract de fin d'année__> Réaction de la presse

Le Canfranc dès aujourd’hui !

Non à l’autoroute Pau--Oloron !
La Traversée Centrale des Pyrénées dans 30 ans !


En ce début du mois de décembre 2008, certains élus socialistes du Béarn se disent tout d’un coup partisans de relancer le dossier de l’autoroute Pau--Oloron appelée A 650. Ils étaient jusque-là favorables avec le Conseil régional d’Aquitaine à la réouverture du Canfranc. Ces députés avaient voté le Grenelle de l’Environnement ! Mieux encore, d’autres élus socialistes pyrénéens ne jurent que par un tunnel ferroviaire de base sous le cirque de Gavarnie, la fameuse TCP, ou Traversée Centrale des Pyrénées. À Bruxelles les eurodéputés PS, pourtant proches du Conseil régional d’Aquitaine oublient totalement le Canfranc ! En face, les chargés de mission de Bruxelles ou du gouvernement ont beau jeu de prendre ces élus un à un pour leur signifier qu’il n’y a pas d’argent. Quant au Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, il met près de 5 millions d’euros pour régénérer la ligne Bayonne--Cambo-les-Bains mais pas un centime pour aller au-delà d’Oloron-Sainte-Marie vers Canfranc.

Pour l’A 650, l’incohérence saute aux yeux. Les mêmes qui, avec la Région Aquitaine souhaitent assurer le report des marchandises vers le rail grâce à un péage sur les camions au Somport, les voilà qui veulent maintenant offrir 40 km de goudron au lobby routier ! Veulent-ils transformer la vallée d’Aspe en égout à camions ? Savent-ils que 3 chantiers autoroutiers espagnols convergent vers Jaca ? Or, la topographie ne permet pas d’établir une quatre voies en Aspe. L’A 650 se terminerait en impasse à Oloron, sauf à faire littéralement exploser la vallée. Mais au-delà de cette cacophonie, c’est toute une région qui prend du retard.

Les perspectives sont graves. Investir dans du goudron, c’est une double faute car c’est investir non seulement à contre-conjoncture mais c’est aussi à contre-structure. La crise du XXIe siècle, c’est la crise du pétrole, c’est la crise climatique et environnementale de la planète. Nos pays ont besoin pour s’en sortir de développer de nouvelles technologies, celles qui respecteront l’environnement y compris en Aspe et Aragon, milieux patrimoniaux fragiles ! Il faut arrêter d’étaler les constructions pavillonnaires à la sortie des autoroutes : gaspillage d’énergie, d’espace, de temps. Il faut des dessertes ferroviaires de proximité, de qualité, cadencées. C’est là que réside le besoin social et notre attractivité. C’est là qu’il y aura le plus d’emplois. La globalisation de l’économie va se durcir. Faute de transport de masse compétitif, faute d’installations maritimes, les industries d’Aragon sont pénalisées : elles vont écouler leurs productions vers la Méditerranée ou vers l’Europe de l’Est, celle du dumping social. Le Béarn doit faire équipe avec l’Aragon pour jouer la carte d’un désenclavement ferroviaire. Avec une capacité de plus de 3 millions de tonnes par an (3 fois le volume actuel de la route), avec la perspective d’une nouvelle ligne TGV dans les Landes avec un embranchement direct de Pau vers Mont-de-Marsan, le Transpyrénéen Occidental est plus que jamais pertinent. Oui, les élus béarnais ont raison de réclamer la liaison ferroviaire Mont-de-Marsan--Pau. Et c’est justement le prolongement vers Canfranc, Saragosse et Madrid qui donne tout son sens à ce projet ! Le Canfranc, vraie porte de l’Europe, réconcilie, en très peu de temps pour 100 millions d’euros seulement, et l’économie et l’environnement.

En sus du trafic de fret, ne négligeons pas de prendre en compte plus d’un million de voyageurs par an sur le Canfranc, dont 10 % en trafic international. Sommes-nous assez riches en Béarn pour refuser cette manne touristique ?

Le projet de Traversée Centrale des Pyrénées, de « TCP », est mis en avant à Toulouse, à Saragosse ou ici. Mais attention, il s’agit d’un projet pharaonique, 8 milliards d’euros au bas mot, qui n’a été utilisé par l’ex-président de la République que comme un prétexte pour ne pas tenir ses engagements de rouvrir le Canfranc signés avec l’Espagne en 2000. Sait-on qu’avec le seul remboursement d’une annuité d’emprunt de la TCP, 8 milliards à 4 %, soit 320 millions, on finance la réouverture et la modernisation de toute la ligne de Pau à Saragosse ! On aura là très vite un axe international moins coûteux que les 500 millions de l’A 650. Il serait aberrant que ces trois régions investissent lourdement dans le réseau de TGV sans assurer cette liaison transfrontalière. Une fois Oloron--Bedous rouvert en 2010, grâce à la Région Aquitaine, il ne manquera plus que 30 km à rouvrir !

OUI, TRENTE KILOMÈTRES !!!

Il est grand temps que les élus socialistes majoritaires en Aquitaine, Midi-Pyrénées et Aragon se concertent et tranchent en faveur d’une liaison ferroviaire rapidement mise en place dans l’intérêt même des trois régions. Aquitaine, Midi-Pyrénées, Aragon : même combat immédiat pour le Canfranc. Un petit chantier pour sortir d’une grande crise !

À Pau, le 18 décembre 2008.

Le CRÉLOC