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* * * Lettre ouverte de décembre 2009 * * *
Pau-Oloron

Le projet d’autoroute Pau--Oloron :

aberrant, antisocial, irréfléchi !…

Bedous, lundi 7/12/2009

Vendredi 11 décembre 2009, la Communauté d’Agglomération de Pau vote un crédit pour une étude d’autoroute 2 x 1 seule voie, dite Pau--Oloron mais en réalité Poey-de-Lescar--Gurmençon. Les élus « de progrès » souhaitaient une étude globale sur tous les modes de déplacement. Ils y renoncent ! Ils se retrouvent volontiers piégés et consentants dans le vieux projet de la CCI : le « tout goudron ». À l’heure de Copenhague, ils retardent d’un siècle !

Un projet aberrant

Annulé en juin 2008 par le Grenelle, le projet est relancé par des élus à court d’idées au moment où l’objectif est de diviser par quatre les gaz à effet de serre (les GES) ! Nos élus souffrent d’un dédoublement de la personnalité : ils sont tous « pour Copenhague ». Madame Lignières-Cassou, députée-maire de Pau, dénonçait spontanément avec conviction son opposition aux autoroutes qui aggravent le mitage pavillonnaire et les GES. C’était au colloque transport qu’elle subventionnait le 26 novembre dernier ! Mais tous ces politiques pratiquent le contraire de ce qu’ils disent au nom d’une prétendue « politique de proximité ». Et M. Rousset avance 500 000 euros en proclamant très haut qu’il est contre cette autoroute ! Le préfet, en charge du Grenelle, accepte de reporter des crédits de sécurisation de la RN 134 au profit d’un projet irréfléchi.

Une étude bidon

Le rapport de Frédéric Dupin de février 2009 est monstrueux car il exclut d’emblée toute autre solution. Il est le contraire d’une vue d’ensemble. Il refuse de voir que le problème n° 1 c’est Pau--Gan, c’est la vallée d’Ossau, ce sont les 12 000 véhicules par jour de la RN 134 pour laquelle on a l’habitude de détourner les crédits de sécurisation. Il oublie de dire que de Pau à Poey-de-Lescar il faut déjà 25 minutes pour en glaner 10 ensuite avec un péage coûteux. Il allègue que ce projet n’a rien à voir avec l’axe E 07 stoppé par le Grenelle. C’est faux. Pas un mot sur la balafre de béton-goudron à travers les coteaux viticoles de Lasseube, rien sur les GES !

Plus grave, ce rapport, avec ses pseudo-évidences, c’est l’engrenage fatal. Les élus vont donc voter une étude de construction coûteuse, 4 millions, sans avoir réfléchi aux besoins réels des usagers béarnais, sans tenir compte de la modernisation programmée du rail : Pau--Oloron : 30 minutes de centre-ville à centre-ville en décembre 2010, avec navettes cadencées et arrêts aux gares de parking intermodaux. La solution « Dupin » n’est pas la seule ! L’étude globale des déplacements en Béarn reste à faire et à voter ! Ensuite, devant plusieurs hypothèses, les choix se feront.

Le coût de ce projet autoroutier est exorbitant : M. Dupin prétend ramener ce projet chiffré à 400 millions d’euros en 2007 à seulement 285 en 2009. Qui peut le croire ? Les raisons économiques sont invoquées à tort et à travers par des élus qui n’ont jamais levé le petit doigt lorsque la SNCF a supprimé la gare de marchandises de Pau ou encore la ligne Buzy--Arudy qui acheminait les bobines d’acier chez Laprade. Voilà des élus prêts à financer 300 millions mais incapables de trouver 100 millions pour le tronçon ferroviaire Canfranc--Bedous par lequel Saragosse et Valence apporteraient beaucoup plus à l’économie ! De tels élus qui misent sur le tout goudron torpillent en fait la modernisation de la voie ferrée Pau--Oloron (30 millions investis en 2010) et Oloron--Bedous (35 millions en 2011). Pas un euro n’a été apporté par les collectivités du Béarn.

Ce projet est monstrueux, aberrant : il révèle un manque total de débat et de réflexion chez nos élus comme dans les partis politiques : il y a là un suivisme affligeant. Les élus de progrès, faute de programme, s’inclinent une fois de plus devant les chimères libérales de la CCI. Il faut d’urgence réorienter ce projet, d’ailleurs non conforme aux lois (LOTI, Grenelle, E 07 tronçonné, etc.) vers une étude globale de la desserte des territoires du Béarn, en fonction de l’espace, du temps gagné, des modes de transport et des vrais enjeux du 21e siècle : l’emploi, la santé, l’environnement.

Alain Cazenave-Piarrot, président du CRÉLOC
(Comité pour la RÉouverture de la Ligne Oloron-Canfranc).

Michel Rodes, vice-président SEPANSO-Aquitaine,
(Société de protection de la nature dans le Sud-Ouest).