CRELOC
1912 ••• 2012
L’an 100
de la volonté d’ouverture
Le samedi 13 octobre 2012 on a commémoré en grande cérémonie le
centenaire de la jonction réussie au pouce près dans la première traversée pyrénéenne.
Ainsi s’ouvrait une ère de dynamisme dans les échanges européens. On sait
ce qu’il en fut deux ans après, la guerre reporta l’inauguration du tunnel à
plus tard, mais elle se fit, car la nécessité de la communication était
installée. Cent ans plus tard, d’autres considérations rendent encore plus
nécessaires ce vecteur qui passe sous les montagnes, les travaux pharaoniques
de tunnels ferroviaires entrepris partout dans le monde entier nous montrent qu’il
serait contraire à la raison d’ignorer le moindre tunnel existant et qu’on sait
indispensable. C’est ce qui a été précisé samedi — hélas encore à demi-mot —
alors que le CRÉLOC et la CREFCO rappelaient que la nécessité était bien plus
pressante et ne devait souffrir aucun report.
Rappelons en préalable que le tunnel ferroviaire du Somport
sert actuellement de galerie de secours au tunnel routier, les deux ouvrages
étant globalement voisins. Grâce à l’action efficace de Fernando Sánchez
Morales, maire de Canfranc, la CREFCO et le CRÉLOC ont pu bénéficier de
l’amabilité de la société exploitante du tunnel routier du Somport pour
accéder au cœur du tunnel ferroviaire. Cette visite d’exception
— précédant de quelques instants la cérémonie officielle du
centenaire du tunnel ferroviaire — a permis de constater l’excellent
état de l’ouvrage, garantie supplémentaire pour une réouverture totale du
Canfranc dans le meilleur délai et à moindre coût.
François Rebillard, notre photographe-secrétaire a immortalisé, au moins pour les cent ans à venir, les instants clés de cette journée.
La plaque du jour qui est destinée à durer encore cent ans.
Devant la plaque qui vient d’être inaugurée,
d’avant en arrière, Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, Bernard Uthurry, Maire d’Oloron-Sainte-Marie,
Martine Lignières-Cassou, maire de Pau, Alain Rousset, président de la Région Aquitaine,
Luisa Fernanda Rudi Úbeda, présidente de la Région Aragon et Fernando Sánchez Morales, maire de Canfranc.
Bas-relief héraldique en tête de l’entrée de la tête sud du tunnel.
La sculpture a été restaurée et respectée. Le blason est bien celui de l’Espagne,
cependant quelques meubles mériteraient être analysés, non pour les actualiser,
mais pour qu’on soit en mesure de les commenter.
Il est dommage que la devise héraldique de l’Espagne n’y figure pas
« PLUS ULTRA » (« plus outre » ou « plus au-delà » ou « más allá ») ce qui irait très bien à ce tunnel.
Les trois photos suivantes sont à mettre au crédit de Marie-Christiane Aubert, fille du président fondateur du CRÉLOC, le docteur Charles-Gérard Vaillant.
Au cœur de l’action, le président Alain Cazenave-Piarrot (face
à nous)
et Jacques Couratte-Arnaude porteur du drapeau tricolore du nord des Pyrénées.
Ce qu’on peut dire, c’est que les bandes réfléchissent aussi dans l’ombre.
intense émotion dans le tunnel (à 5 km de la tête nord et à 3
km de la tête sud),
avec les drapeaux espagnol et français, plus les couleurs aragonaises et
béarnaises.
L’emblème du Béarn est déployée, à gauche, par Luis Granell,
président de la CREFCO,
assisté de François Rebillard, secrétaire du
CRÉLOC.
invités de marque participent à la cérémonie du centenaire :
Guillaume Pépy (cartable en main), président de la SNCF et
René Rose, président
de la Communauté des communes de la vallée d’Aspe.
1912 ••• 2012
La presse en rend compte
⇒ Le Sud Ouest fait la relation de l’événement
⇒ La République des Pyrénées fait une rétrospective illustrée
1912 ••• 2012
Publié le 13/10/2012 à 16h39
Mise à jour : 13/10/2012 à 18h44
Par Nicolas Rebière
Ligne Pau-Canfranc :
un centenaire plein de symboles
On a surtout parlé de la réouverture de la ligne ferroviaire
Pau-Canfranc ce matin, au moment de célébrer les 100 ans du percement du tunnel
du Somport.
Alain Rousset, président de la Région Aquitaine et Luisa Fernanda Rudi Ubeda, présidente du gouvernement d’Aragon
ont dévoilé ce matin une plaque pour commémorer
les 100 ans du percement du tunnel ferroviaire du Somport, ce matin à
Canfranc, premier village aragonais après la vallée d’Aspe.
Une cérémonie symbolique, qui a surtout été l’occasion pour ces
deux représentants politiques de réaffirmer leur volonté de voir un jour
rouvrir la ligne ferroviaire entre Oloron et Canfranc. Une ligne inaugurée en 1928 et abandonnée en 1970 suite à l’effondrement
d’un Pont à l’Estanguet.
Depuis, régulièrement, associations mais aussi politiques
relancent l’idée d’une réouverture de cette ligne, à des fins de transports de
voyageurs, mais aussi de marchandises.
La présence de Guillaume Pépy, le PDG de la SNCF, mais aussi de Jean-Marie
Paquet, directeur des réseaux transfrontaliers de l’Union européenne, appelée à
la rescousse sur ce dossier, laissait entrevoir quelque optimisme, notamment
parmi les membres d’associations qui
militent depuis des années pour le retour du rail en Vallée d’Aspe, comme
le CRELOC par exemple.
En octobre 2011, la Région Aquitaine a voté une enveloppe de
105 millions d’euros pour la réouverture de la ligne entre Oloron et Bedous, en
Vallée d’Aspe. Reste à trouver le financement pour la dernière partie du
trajet, entre Bedous et Canfranc, avec la réhabilitation du tunnel, qui devrait
coûter 40 millions d’euros. « Possible
à l’horizon 2018 à 2020 », estimait ce matin Alain Rousset.
Luisa Fernanda Rudi Ubeda et Alain Rousset, devant l’entrée
du tunnel centenaire, mais abandonné.
(photo David Deodic)
Des associations favorables à la réouverture de la ligne ont
fait le déplacement jusqu’à Canfranc.
(photo David Deodic)
Le tunnel est abandonné, mais dans un parfait état, ont pu
constater les élus.
(photo David Deodic)
1912 ••• 2012
100 ans : la saga du Somport
Par Gérard Cayron
Publié le 13/10/2012 à 06h00,
mis à jour :
13/10/2012 à 12h32
C’était un dimanche. Le 13 octobre 1912, après quatre années de
dur labeur, ils voient enfin… le bout du tunnel. Il y a tout juste un siècle,
ouvriers français et espagnols se rencontraient, à 500 mètres sous terre et au
point de jonction prévu, achevant dans un geste symbolique le percement de
cette traversée pyrénéenne.
Les partisans du Somport allaient devoir attendre encore… 13
ans (1) avant de voir un premier train emprunter ce tunnel. Mais, après
tout, peu importe ! « Le Somport, c’est une belle histoire et, pour
nous, un véritable symbole. Quand les deux galeries creusées côtés français et
espagnol se sont rejointes, c’était pour la Navarre l’aboutissement d’un rêve
vieux de 35 ans. Voilà pourquoi les commémorations de samedi sont très
importantes à nos yeux », soupire Luis Granell, l’un des inspirateurs de
la Crefco (2), une puissante coordination mêlant associations,
syndicats, mouvements ouvriers…
Pour cet observateur averti, le percement réalisé il y a un
siècle n’est pas seulement un chantier transfrontalier. « Peu de gens le
savent, mais on utilisait à l’époque des techniques d’avant-garde »,
reprend Luis Granell avant d’évoquer quelques aspects méconnus de cette
affaire. Exemple : « La compagnie espagnole Norte avait concédé les
travaux à Calderai e Bastianelli, des
Italiens installés à Bilbao. Ces gens-là maîtrisaient déjà la technique de
triangulation effectuée, côté français, à partir du pic d’Acué, au-dessus des
Forges d’Abel. Lors de la jonction, il n’y a eu que… 2,5 centimètres d’écart
par rapport à leurs prévisions ! »
Autre singularité, les engins utilisés pour poser chaque charge
de dynamite sous la montagne fonctionnaient grâce à l’énergie produite par les
centrales hydro-électriques du coin, dont celle des Forges d’Abel.
De nombreux accidents, parfois mortels, n’en jalonnent pas
moins l’histoire du tunnel.
« Les autorités ont très peu communiqué sur ce
sujet », déplore Luis Granell. « On sait que, à partir de 1910, il y
a plusieurs dizaines de problèmes, avec des morts dans certains cas, mais le
nombre de victimes n’est toujours pas connu à ce jour ». Seule l’histoire
de Lorenzo Beltran, enfant de Canfranc, tué par une explosion à l’âge de 14
ans, est remontée à la surface. Côté français, on évoque aussi, mais sans plus
de précision, une importante voie d’eau survenue en octobre 1911 près de la
tête du chantier stoppé quinze jours.
Selon différentes sources, « au moins 500 ouvriers
espagnols, sans compter ceux qui s’étaient fait embaucher sur le versant
français », ont participé à l’ouvrage. Les conditions de travail des
personnels employés à l’intérieur du tunnel « étaient infernales »
rappelle Luis Granell. « Plusieurs grèves ont éclaté avec un
retentissement important en Aragon ». Ces ouvriers, qui réclamaient des
augmentations, gagnaient à l’époque 4,5 pesetas par jour. Soit, à titre de
comparaison, l’équivalent de 2 centimes d’euro…
(1) L’équipement a été livré en septembre 1915, puis inauguré
en juillet 1928 seulement.
(2) La Coordinadora para la reapertura del Ferrocarril
Cafranc-Oloron (Crefco) est le pendant du comité béarnais, le Creloc.
>> Aujourd’hui : une voie de secours et un labo… en
attendant la réouverture
En attendant une réouverture de la ligne ferroviaire, très improbable
avant les années 2020-2025, le tunnel du Somport, classé monument historique
depuis fin 1984, n’est pas totalement inutile.
Il sert notamment de voie de secours, en cas d’urgences, pour
son « jumeau » routier inauguré en janvier 2003.
On sait moins en revanche que ce tunnel ferroviaire a retrouvé,
depuis 1985, une intense activité souterraine, à plus de 800 mètres de
profondeur. En tapant « Canfranc
Underground » sur un moteur de recherches, on peut ainsi visiter les
installations du LSC. Il ne s’agit pas d’un nom de code, mais du laboratoire de
physique nucléaire et des hautes énergies de l’université de Saragosse,
laquelle est jumelée avec la fac de Pau et des pays de l’Adour.
Les chercheurs travaillant sur cette installation de très haut
niveau se consacrent notamment à l’étude de la matière noire, qui permet d’estimer
la densité de l’univers et la masse des galaxies, ainsi qu’à la compréhension
du fonctionnement des neutrinos (particules élémentaires).
Pour mémoire, à partir de 1908 et après des travaux quasiment
ininterrompus y compris pendant la Première guerre mondiale, le tunnel a été
achevé dans les délais à peu près impartis (soit 7 ans).
Sa longueur totale est de 7,8 kilomètres, dont un peu plus de 4 000
mètres côté français. L’ouvrage fait 6 mètres de haut pour 4,75 m de large
et sur une seule voie.
Luis Granell, homologue du Créloc en Aragon.
C’est parfois à la dynamite que les travaux de percement ont
été réalisés.
Et les moyens utilisés à l’époque, pour extraire des tonnes de
déblais, étaient évidemment rudimentaires.
(photos extraites du livre Canfranc, el mito - éditions Pirineum).
Sur les deux versants, plusieurs dizaines d’Espagnols ont été
embauchés pour réaliser le tunnel du Somport.
(photos extraites du livre Canfranc, el mito - éditions Pirineum).
C’est près des Forges d’Abel que débutèrent les travaux de
percement, côté béarnais.
(photos extraites du livre Canfranc, el mito - éditions Pirineum).
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